Ces mots inspirants et intraduisibles en français

Il n’est pas toujours facile de mettre des mots sur ce que l’on ressent. Mais parfois, si l’on ne trouve pas le terme adéquat, c’est tout simplement parce qu’il n’existe pas dans notre langue maternelle. On peut alors aller chercher du côté de pays voisins ou lointains. Certains regorgent de mots uniques pour décrire des phénomènes naturels, des attitudes ou des sentiments pourtant communs à tous. Décryptage.
Des termes rares pour évoquer la nature…
Ces derniers temps, on entend beaucoup parler des bains de forêt. Sans forcément aller jusqu’à enlacer des arbres (la sylvothérapie vous donnera plus de réponses en la matière), les balades en forêt sont sources de nombreux bienfaits. Nos voisins allemands ont trouvé un terme évoquant ce sentiment de connexion avec la nature, éprouvé lors de promenades en solitaire dans ces espaces boisés : il s’agit de waldeinsamkeit. Hélas, impossible d’exprimer cette idée en un seul mot dans la langue de Molière ! Les Japonais possèdent aussi de nombreux termes sans équivalent français. Ils illustrent des concepts ou des phénomènes naturels, souvent poétiques. Par exemple, kogarashi fait référence au vent frais au début de l’hiver. Komorebi désigne les rayons du soleil traversant les feuilles des arbres. Le mångata des Suédois, que l’on peut traduire par « rivière lunaire », est, lui, le reflet de la lune sur un cours d’eau : la mer, un lac…
… et exprimer des attitudes ou sentiments universels
Pana Po’o désigne, en hawaïen, le fait de se gratter la tête lorsque l’on essaye de se souvenir de l’emplacement d’un objet égaré. État d’esprit finlandais par excellence, le sisu indique quant à lui le courage, la détermination, la ténacité. Les ressources que chacun possède pour faire face à l’adversité. Chez les Danois, hyggelig est utilisé pour traduire une atmosphère à la fois confortable, chaleureuse et sécurisante. Les Norvégiens ont un adjectif qui rappelle le hyggelig danois : il s’agit de peiskos, qui exprime le plaisir de se réchauffer au coin du feu.
Les Allemands entendent par heimat l’attachement profond pour un endroit auquel ils se sentent appartenir. En portugais, la saudade est un sentiment mêlant la mélancolie, la nostalgie et l’espoir de retrouver ce qui nous manque. Elle a inspiré de nombreux artistes et est même célébrée officiellement le 30 janvier au Brésil. Fernando Pessoa écrivait : « La saudade, c’est la poésie du fado. » Le fado. Ce chant portugais traditionnel s’apparente à la morna, un genre musical issu du Cap-Vert dont la chanteuse Cesária Évora est une représentante illustre. Sodade, un de ses titres cultes sorti en 1992, évoque ce mélange d’états d’âme à la fois complexe et fascinant.
Bien sûr, la langue française possède, elle aussi, des mots intraduisibles : pied-à-terre, se recroqueviller, marinière, dépaysement, retrouvailles… Voici, juste pour le plaisir, deux citations employant deux de ces termes :
« Que de pays ensemble parcourus ! Que de hasards et que d’années ! Et après une longue séparation, la joie de ces retrouvailles inopinées ! »
« Ce qui gâche un peu la littérature contemporaine, c’est le désir de dépayser le lecteur par des choses bizarres, inattendues. L’aventure est partout. »
Parmi ces mots étrangers intraduisibles, quels sont vos préférés ? Quels sont ceux qu’il serait intéressant, selon vous, d’employer en français ? Je penche personnellement pour le plus difficilement prononçable de ceux que j’ai cités : waldeinsamkeit. Peiskos me paraîtrait également assez utile lors de soirées hivernales en montagne. Et le sisu : indispensable en tout temps !
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